Dans un spectacle saisissant, un fragile poulet est projeté en l’air, atterrissant finalement dans la redoutable gueule des “caïmans du président”, où il est dévoré vivant sous le regard des touristes et des supporters rassemblés à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, pour la Coupe d’Afrique des Nations.
Alors que Cléopâtre avait ses crocodiles sacrés, Yamoussoukro s’enorgueillit de ses quelque 300 sauriens, collectionnés par l’ancien président Félix Houphouët-Boigny (1905-1993), constituant la principale attraction de la ville aux côtés de la monumentale basilique Notre-Dame de la Paix, une réplique agrandie de Saint-Pierre de Rome.
Ousmane Kâ, venu soutenir les Lions du Sénégal, profite de l’occasion pour faire un peu de tourisme, notamment en visitant le célèbre lac aux caïmans situé à proximité de l’ancien palais présidentiel. Il témoigne de les voir émerger et être alimentés par des poulets lancés par le public.
Chaque jour, avec l’afflux de visiteurs pour la CAN, des volailles sont jetées aux caïmans. Les gens tapent sur la rambarde en fer pour attirer les monstres, qui se dirigent vers la rive pour les dévorer sans pitié.
Guy Michel Goumezo, un habitant en visite dans la capitale, relate l’histoire particulière du lieu, où se trouve la maison natale du père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Il souligne que c’était là le village d’Houphouët, N’Gokro, devenu la capitale politique du pays.
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Marie Akou, une résidente de Yamoussoukro, explique que le lac aux caïmans a une signification profonde dans les coutumes baoulé. Selon elle, on peut s’y arrêter pour exposer ses problèmes et vœux, le lac pouvant les résoudre.
Augustin Thiam, petit-neveu d’Houphouët-Boigny et actuel gouverneur de Yamoussoukro, confirme le caractère “mystique” du lieu. Il mentionne des sacrifices d’animaux en faveur des crocodiles et souligne le caractère sacré de l’eau pour les Baoulé de Yamoussoukro.
Malgré l’héritage impressionnant, personne n’ose se baigner dans les plans d’eau de Yamoussoukro, les crocodiles passant de l’un à l’autre. Depuis la tragique mort du gardien “vieux Diko”, dévoré par l’un des crocodiles en 2012, les autres gardiens ont cessé de venir, admet le gouverneur.