La jeunesse ivoirienne face aux défis économiques. C’est le thème qui a guidé la dixième enquête de l’institution de recherche panafricaine Afrobarometer. Cette étude s’inscrit dans le cadre de l’Année de la Jeunesse, décrétée par l’État ivoirien en 2023, qui prévoyait un décaissement de 361 milliards FCFA pour soutenir cette tranche de la population.
Pour la première fois en Côte d’Ivoire, cette enquête a été réalisée par Zechlab, un bureau d’étude ivoirien. Les résultats, présentés le 7 mai à Abidjan, révèlent que “le gouvernement ne semble pas se préoccuper des problèmes de la jeunesse”.
Les travaux de l’enquête, effectués du 7 au 17 janvier, ont révélé une insatisfaction généralisée parmi les jeunes à l’égard des programmes gouvernementaux. Sur les 1200 ménages interrogés, 69% estiment que l’État ivoirien est “juste un peu” ou “pas du tout” préoccupé par les défis et problématiques auxquels les jeunes sont confrontés.
Le chômage est en tête des préoccupations, souvent poussant les jeunes à quitter le pays ou à sombrer dans la délinquance. Le rapport souligne l’importance d’investir davantage dans l’éducation et de résoudre l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Le professeur Marcel Kouadio, invité à la conférence, a observé : “À l’école, le tableau est traditionnellement utilisé par les enseignants pour dispenser les cours de comptabilité, tandis qu’en entreprise, les employés utilisent des ordinateurs.” Ce décalage contribue au fait que seulement 21% des jeunes sont salariés, tandis que 79% ne le sont pas, dont 45% sont en quête d’emploi.
L’enquête pointe également une inefficacité dans l’attribution des fonds destinés à financer les projets des jeunes. La majorité des interrogés affirment n’avoir jamais bénéficié, ni connaître quelqu’un ayant profité des programmes gouvernementaux. Concrètement, seuls 6% des interrogés ont pu bénéficier ou connaissent quelqu’un ayant bénéficié de ces programmes.
Bien que la moitié des jeunes reconnaissent une bonne performance du gouvernement, la majorité estime que celui-ci “répond mal aux questions économiques”, notamment en ce qui concerne la stabilisation des prix, la réduction des inégalités, l’amélioration des conditions de vie et la création d’emplois.
L’enquête a été menée dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire (Nord, Sud, Est, Ouest), prenant en compte uniquement les individus âgés de plus de 18 ans. Elle a assuré une répartition équitable entre les sexes (50% d’hommes et 50% de femmes), les niveaux d’éducation (18% d’illettrés, 30% ayant suivi des études primaires, 35% ayant suivi des études secondaires et 17% ayant suivi des études post-secondaires) ainsi que les religions (55% de chrétiens, 36% de musulmans et 9% d’autres).
Afrobarometer est un réseau panafricain indépendant, à but non-lucratif, qui produit des données sur les expériences et les opinions des Africains en matière de démocratie, de gouvernance et de qualité de vie. Les résultats de cette enquête soulignent l’urgence pour le gouvernement ivoirien de réévaluer ses politiques et ses programmes destinés aux jeunes, afin de répondre de manière plus efficace à leurs besoins et attentes.
Akoi Mel
